Abus de droit : Un montage artificiel ne permet pas d’invoquer la doctrine adminsitrative

Sous réserve d’en démontrer objectivement l’existence, l’administration fiscale peut sanctionner les montages artificiels sans que la garantie contre les changements de doctrine ne puisse lui être opposée, a jugé mercredi le Conseil d’État, en Assemblée du contentieux, sa formation la plus solennelle.
L’article L. 80 A du livre des procédures fiscales protège en effet le contribuable des changements d’interprétation par l’administration des textes fiscaux, une garantie lui permettant d’obtenir gain de cause s’il justifie s’appuyer sur la « doctrine administrative », c’est-à-dire une interprétation de la loi fiscale admise par l’administration dans, par exemple, des circulaires, des instructions ministérielles ou publiée au Bulletin officiel des finances publiques-impôts et ce, même si elle contraire à la loi fiscale.
Si, dans cette espèce, la Haute juridiction administrative
Au cas particulier, quelques jours avant de faire valoir ses droits à la retraite, un contribuable avait cru pouvoir réaliser une belle plus-value de 4,97 millions d’euros exonérée d’impôts en respectant scrupuleusement la doctrine administrative relative au seuil d’un pour cent et à la durée de détention de trois ans.
Il avait ainsi acheté, le 17 mars 2010, 50 000 actions de la société Balmain, en cédant ensuite, le 25 mai, 4 000 de ces mêmes actions à une SCI Steniso, détenue par un collaborateur, pour rester sous le seuil de 1 % et le lendemain, le 26 mai, au moment de son départ à la retraite, en cédant à la société Balmain la totalité des actions d’une société Marie-Clémence dont il était le dirigeant pour un montant de 5 millions d’euros. Le 8 juillet de la même année, la SCI Steniso s’est porté acquéreur de 49 300 actions Balmain pour 739 000 euros et trois ans et dix jours plus tard après la cession des titres Marie-Clémence à Balmain, le 5 juin 2013, le contribuable en question a acheté pour trois euros la totalité des parts de la SCI Steniso dont il est devenu le gérant.
Une tour de passe-passe et une ingéniosité que n’approuve donc pas le Conseil d’État et qui valent, à son auteur, outre un redressement des droits dus, des intérêts de retard et une pénalité de 80 % pour abus de droit sur le fondement du b de l’article 1729 du code général des impôts.