Bourse : Cinq salariés d’Ubisoft sanctionnés pour utilisation d’une information privilégiée

La commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a infligé mercredi des sanctions pécuniaires à cinq salariés de la société Ubisoft et à la banque Transatlantique pour avoir utilisé entre le 18 septembre et le 10 octobre 2013 une information privilégiée relative « à la forte probabilité de décalage de la sortie du jeu Watch Dogs ».
Le jeu vidéo Watch Dogs devait normalement être disponible dans des versions destinées aux consoles de jeu contemporaines et de la génération future les 19 ou 21 novembre 2013 mais la société Ubisoft a publié, le 15 octobre 2013 après la fermeture des marchés, un communiqué informant le public du report de la sortie du jeu à l’exercice 2014/2015.
Ce retard ainsi que le décalage de la sortie d’un autre jeu, The Crew, a amené la société à revoir à la baisse ses objectifs pour l’exercice 2013/2014, en termes de chiffre d’affaires dans une fourchette de 995 à 1 045 millions d’euros (au lieu de 1 420 à 1450 M€) et de résultat opérationnel situé entre -70 et -40 millions d’euros (au lieu de entre +110 et +125 M€). La séance de bourse du 16 octobre 2013 a été chahutée pour Ubisoft qui a signé une baisse de 26 % dans un volume très important de 8,5 millions de pièces.
Dans cette décision rendue mercredi, il était reproché à cinq des salariés mis en cause d’avoir utilisé leur connaissance du report de la sortie du jeu Watch Dogs pour, avant que l’information ne soit rendue publique le 15 octobre 2013, exercer et vendre des stock-options, céder directement ou via le fonds commun d’entreprise des titres Ubisoft pour un montant total de 1,2 million d’euros. À la banque Transatlantique, il était reproché de ne pas avoir déclaré les opérations réalisées par les salariés au cours des mois de septembre et octobre 2013 alors qu’elle avait des raisons de suspecter que ces opérations pouvaient constituer « des abus de marché ».
La commission des sanctions a considéré l’information, au sens de l’article 621-1 du règlement général de l’AMF, suffisamment précise et confidentielle dès le 18 septembre 2013 pour retenir comme constitués les manquements reprochés à la banque et à cinq des salariés poursuivis.
Selon la décision non anonymisée qui ne risque « ni de perturber gravement les marchés financiers ni de causer un préjudice disproportionné aux personnes mises en cause », Christine Burgess, directrice de la production internationale et membre du comité exécutif d’Ubisoft, a fait un arbitrage, le 27 septembre 2013, sur ses parts du FCPE Ubi Actions pour un montant de 164 520,90 euros et écope d’une sanction pécuniaire de 200 000 euros pour un avantage économique évolué à 50 809 euros ; Yannis Mallat, président des studios d’Ubistof Montréal et Toronto, a cédé, le 26 septembre 2013, 54 609 titres Ubisoft issues de la levée de trois plans de stock-options et écope d’une sanction pécuniaire de 700 000 euros pour un avantage économique évalué à 174 202,71 euros ; Olivier Paris, vice-président chargé des opérations d’Ubisoft studio Montréal, a cédé, les 23 septembre et 7 octobre 2013, 11 299 actions Ubisoft appartenant à sa conjointe et issues de la levée de stock-options et écope d’une sanction pécuniaire de 100 000 euros pour un avantage économique évalué à 25 892,37 euros ; Francis Baillet, vice-président affaires corporatives d’Ubisoft studio Montréal, a cédé, le 25 septembre 2013, 18 203 actions Ubisoft issues de la levée de stock-options et écope d’une sanction pécuniaire de 200 000 euros pour un avantage économique évalué à 58 113,06 euros ; Damien Moret, Brand Development Director, a cédé, le 3 octobre 2013, 4 045 actions Ubisoft issues de la levée de stock-options et écope d’une sanction pécuniaire de 15 000 euros pour un avantage économique évalué à 12 013,65 euros. La banque Transatlantique se voit infligé, quant à elle, pour avoir « manqué de vigilance », une sanction pécuniaire de 60 000 euros.