Manquement d'initié : Le directeur financier de Soitec sanctionné

Soitec

La commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a infligé vendredi dernier une sanction pécuniaire de 500 000 euros au directeur financier de Soitec, Rémy Pierre, pour avoir transmis deux informations privilégiées relatives à l’exercice 2017-2018 à un ancien collègue, Stéphane Solère, qui, lui, écope d’une sanction pécuniaire d’un million d’euros pour les avoir utilisées.

Le parcours professionnel des deux hommes s’est croisé, entre février 2002 et février 2005, lorsqu’ils officiaient, tous deux, à la direction financière de Lafarge, le premier en tant que « VP finance in charge of financial strategy » et le second en tant que « Head financial risk management », et seraient restés « amis » depuis.

Sur la base des informations privilégiées fournies par l’un, le gendarme de la bourse reprochait à l’autre d’avoir acquis, entre le 10 et le 18 octobre 2017, 3 115 titres et 6 250 CFD Soitec pour son propre compte et pour le compte de ses trois enfants et de sa mère. L’opération a été renouvelée les 17 et 18 avril 2018 en se portant acquéreur de 14 480 titres et 10 000 CFD Soitec pour lui-même et sa petite famille.

Le 18 octobre 2017 après bourse, Soitec a publié les résultats de son deuxième trimestre décalé faisant état, notamment, d’une hausse de 31 % de son chiffre d’affaires par rapport à celui de l’année précédente et d’une prévision d’EBITDA d’ « environ 25 % » contre « 20 % minimum » annoncé précédemment. Le 18 avril 2018 après bourse, à l’occasion des résultats du quatrième trimestre décalé, c’est une hausse de 42 % du chiffre d’affaires qui a été annoncée par le spécialiste en matériaux pour semi-conducteurs ainsi qu’un EBITDA « bien supérieur à 25 % ».

La plus-value théorique totale tirée de l’utilisation des informations privilégiées par M. Solère est estimée à 547 302 euros par la commission des sanctions et c’est en considération du fait qu’il ne pouvait « ignorer la règlementation relative aux abus de marché » compte tenu de sa connaissance des marchés financiers et de ses anciennes fonctions professionnelles que la sanction pécuniaire est près du double. Sa demande d’anonymisation pour que soit « préservée sa réputation dans la perspective de ses dernières années d’exercice professionnel » n’est pas justifiée, selon le gendarme de la bourse qui en ordonne la publication sur son site pendant cinq ans.

Bien qu’il n’en aurait retiré aucun profit financier, le manquement commis par M. Pierre est jugé, lui aussi, comme étant d’une « particulière gravité » pour que lui soit infligé une sanction pécuniaire de 500 000 euros et qu'il soit marqué du sceau de l’infamie.