Cognac : La pratique d'aromatisation de la maison Tessendier condamnée

La cour de cassation a rejeté le pourvoi de Lilian et Jérôme Tessendier et de leur société éponyme à l’encontre de l’arrêt d’une cour d’appel qui les avait condamnés à une amende de 10 000 euros et 50 000 euros respectivement pour « falsification de denrée alimentaire, boisson, substance médicamenteuse ou produit agricole », de « tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l’origine ou la quantité d’une marchandise » et d’ « usurpation d’appellation d’origine ».
À l’origine de cette affaire, un contrôle au siège social de la société Distillerie Tissendier et fils par des agents de la Direction régionale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DRCCRF) qui avaient constaté, le 28 mai 2009, que la distillerie Tessendier achetait des copeaux de bois à Cognac et Jarnac (Charentes).
L’enquête a ensuite établi qu’une « macération directe des copeaux de bois dans l’alcool » au lieu d’une « infusion brève dans de l’eau chaude distillée »avait en outre permis à la distillerie de réaliser une économie de 198 064 euros au cours de l’année de 2008.
Pour dire les délits établis à l’encontre de Lilian et Jérôme Tessandier, maîtres de Chais de la quatrième génération, les juges d’appel avaient retenu que les méthodes traditionnelles ne sont pas interdites par le règlement 110/2008 du 15 janvier 2008
Pour aromatiser l’eau de vie de vin et notamment de Cognac, la pratique généralisée de l’entreprise consiste en « l’infusion de copeaux dans de l’eau de vie en cuves », est-il expliqué dans l’arrêt, alors que traditionnellement, l’infusion de copeaux de bois se fait uniquement dans de « l’eau distillée, chauffée entre 95 et 100° durant 7 heures en moyenne, sans solvant, et devant ensuite être stabilisée et alcoolisée une fois les copeaux retirés avec de l’eau de vie correspondant à la boisson fabriquée », avant que ce ‘boisé’ ne soit ajouté dans la boisson de destination vieillissant en tonneaux. Tradition, avait relevé la cour d’appel, que ne peut ignorer M. Lilian Tessandier qui fait partie du Bureau interprofessionnel du Cognac de « longue date » et en est même un membre dirigeant.
La chambre criminelle de la cour de cassation