Politique : Condamné en appel pour avoir outragé le juge Gentil, Guaino persiste et signe

Le député LR des Yvelines Henri Guaino a été condamné en appel à 2 000 euros d'amende pour outrage à l'encontre du juge Jean-Michel Gentil après la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt.

M. Guaino a, en revanche, été relaxéParis, 22 oct. 2015, ministère public et Jean-Michel Gentil c/ Henri Guaino. du chef de « discrédit jeté sur une décision de justice ». Il avait notamment accusé le magistrat d'avoir« déshonoré la justice »« Nous savons maintenant que la République et la démocratie sont otages du corporatisme judiciaire et du syndicalisme judiciaire », a réagi M. Guaino, présent au délibéré.

Henri Guaino a en outre été condamné à verser 3 000 euros de dommages et intérêts à Jean-Michel Gentil et la même somme au titre des frais de justice. Il va former un pourvoi en cassation, a annoncé son avocat, Me Eric Dupond-Moretti.

Au lendemain de la mise en examen de M. Sarkozy pour abus de faiblesse au préjudice de la milliardaire Liliane Bettencourt, le 21 mars 2013, son ancien conseiller à l'Elysée avait multiplié dans les médias les attaques contre le juge d'instruction. L'ancien chef de l'État a, par la suite, bénéficié d'un non-lieu. Ce qui a conduit Henri Guaino à répéter que l'histoire lui a « donné raison ».

Le 27 novembre 2014, le tribunal correctionnel de ParisParis, 17e ch., 27 nov. 2014, Jean-Michel Gentil et ministère public c/ Henri Guaino. avait relaxé le député LR des Yvelines, mais le parquet de Paris avait interjeté appel. La 17echambre du tribunal avait jugé que, s'agissant de propos tenus par un parlementaire sur un sujet d'intérêt général, les limites admissibles de la liberté d'expression n'avaient pas été dépassées.

Au lendemain de cette condamnation en appel, Henri Guaino a affirmé, sur iTélé, « assumer tous [ses] propos » envers le juge Gentil et ne pas craindre une autre condamnation. « On peut me condamner une fois, dix fois, vingt fois, cent fois, mille fois [...] personne ne me fera taire », a lancé l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy estimant que « le rôle d'un représentant de la Nation » est de « dénoncer tout dysfonctionnement dans les institutions » et« les agents publics [...] quand ils abusent de leur pouvoir »« Et là, j'estime que le juge Gentil a abusé de son pouvoir », a-t-il enchéri.

« J'ai dit à l'époque que le juge avait fait preuve d'irresponsabilité et qu'il avait déshonoré les institutions, déshonoré un homme, déshonoré la justice », a-t-il rappelé. « L'ivresse de la toute puissance de certains juges devient parfaitement inacceptable », s'est insurgé M.Guaino. « Dans les dictatures et dans les tyrannies on n'entend rien [...] dans la démocratie, dans la République, dans des sociétés de liberté, il y a beaucoup de bruit, il y a des polémiques et ce n'est pas au juge de venir régler le volume du son de la démocratie », a-t-il jugé. Selon son avocat, M. Guaino va former un pourvoi en cassation et est prêt à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme.